Quand les apprentis gèrent un restaurant

«Ici, on nous fait confiance!»
Josef Betschon, 17 ans, en deuxième année d’apprentissage de cuisinier CFC

«Avant de postuler pour la place d’apprentissage, je ne savais pas qu’il s’agissait d’une exploitation pour apprentis. Quand je suis venu faire ma journée découverte ici, on m’a expliqué le projet. En plus des heures de travail régulières à la cantine, c’était cependant un atout supplémentaire et je suis aujourd’hui très heureux d’avoir obtenu cette place d’apprentissage. Depuis la deuxième année d’apprentissage, je suis responsable de deux apprentis en première année. Cette responsabilité a d’abord été un défi pour moi, et on a dû me montrer comment expliquer les choses aux autres – parfois deux ou trois fois. Le chef de cuisine et l’apprenti en troisième année qui m’encadre m’ont toutefois bien initié à cette tâche. L’apprenti qui m’accompagne est vraiment un modèle pour moi, encore aujourd’hui! Travailler dans une équipe avec des apprentis plutôt qu’avec des personnes formées fait pour moi une grande différence. J’aime aussi travailler avec les personnes formées, mais avec les apprentis, c’est tout simplement aussi cool qu’avec des amis. Nous avons le même âge et des intérêts similaires. Cela a une grande influence sur notre équipe et sur notre propre motivation. Et c’est aussi un avantage quand de nombreux apprentis travaillent ensemble. Nous profitons les uns des autres – et nous constatons que les autres font aussi des erreurs, ce qui relativise les nôtres. Nous avons effectivement plus de responsabilités que les autres apprentis, et cela peut être fatigant. Mais on apprend beaucoup plus ainsi que si, en tant qu’apprenti dans une cuisine, on ne fait que nettoyer toute la journée pendant la première année. Ici, on nous fait confiance et c’est vraiment cool.»

«Je suis heureux de pouvoir mettre la main à la pâte!»
Jesaja Hug, 15 ans, en première année d’apprentissage de spécialiste en restauration de système CFC

«En tant qu’apprenti spécialiste en restauration de système, je suis responsable du bon fonctionnement du Free Flow, c’est-à-dire de la zone de la caisse, là où passent les clients. Je veille à ce que tout soit bien propre et toujours réapprovisionné. Je n’ai pas postulé en premier lieu parce qu’il s’agissait d’un restaurant d’apprentis, mais parce que je trouvais le métier passionnant. Lors d’un précédent stage d’initiation à la cuisine, j’ai remarqué que le travail à la caisse m’intéressait également; c’est pourquoi j’apprends maintenant le métier de spécialiste en restauration de système. J’ai été initié à mes tâches par l’apprenti qui m’encadre, Henok Würsch, par les autres apprentis, par ma formatrice et par notre Restaurant Manager, Oliver Woischnik. C’est passionnant que mon chef direct soit aussi un apprenti, mais malgré cela, nous sommes assez égaux au sein de l’équipe et nous nous entendons tous très bien. Bien sûr, je demande à l’apprenti qui m’encadre quand je n’ai pas bien compris quelque chose, mais sinon je ne ressens aucune différence. J’apprécie de travailler presque exclusivement avec d’autres apprentis, c’est vraiment passionnant. Ici, nous n’avons pas encore tous le niveau d’une personne formée et nous pouvons nous soutenir mutuellement. Je suis heureux que nous puissions mettre la main à la pâte en travaillant au restaurant d’apprentis! Travailler avec des gens différents est fascinant, et nous apprenons ainsi beaucoup mieux à interagir avec des personnes différentes.»

«Je me considère comme son parrain»
Henok Würsch, 18 ans, en deuxième année d’apprentissage de spécialiste en restauration de système CFC

«Avant de poser ma candidature, je ne savais pas du tout qu’ici, au restaurant d’apprentis, les choses se passaient un peu différemment que dans une exploitation de formation normale. Au début, j’ai été surpris, mais j’ai vite trouvé ça cool et j’ai vu les avantages. Et maintenant, en deuxième année d’apprentissage, je sais que ma bonne impression était fondée. J’apprécie beaucoup de travailler avec les autres apprentis. Nous sommes au même niveau et avons des hobbys similaires, et surtout, nous formons une équipe et nous nous aidons mutuellement. Depuis la deuxième année d’apprentissage, je suis, pour le dire méchamment, le patron de Jesaja. Mais je me considère plutôt comme son parrain. Je prends beaucoup de plaisir à lui montrer et à lui apprendre plein de choses! J’aime travailler avec des jeunes; je comprends les difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Mais je ne me contente pas de contrôler l’apprenti de première année et de répondre à ses questions; je m’occupe aussi de tâches de marketing et je veille à ce que tout se passe bien dans le Free Flow. De plus, je fais les décomptes des caisses et je m’occupe des affaires courantes: je fais des sandwichs, je prépare des pâtisseries, je mets en place des stations de menu. Et le mardi, je suis toujours en cuisine. Ma formatrice et mes anciens apprentis encadrants m’ont tous très bien montré les choses. Ici, nous avons ici beaucoup plus de responsabilités que les autres apprentis. Mais cela me fait du bien d’être parfois non seulement sollicité, mais même un peu dépassé. Cela me convient davantage. Ici, j’apprends à gérer les responsabilités.»

«C’est un plaisir de travailler ainsi»
Oliver Woischnik, Restaurant Manager

Pour Oliver Woischnik, Restaurant Manager au restaurant d’apprentis Martinsberg, le projet lancé en 2019 a fait ses preuves: «C’est un plaisir de travailler ainsi, et cela nous permet aussi d’être plus proches de nos hôtes, ici à l’école professionnelle, qui sont eux aussi des apprentis. Nos apprentis savent ce qui plaît aux jeunes; ils connaissent par exemple les boissons tendance actuelles et peuvent nous conseiller, nous les plus âgés. De manière générale, l’encouragement de la responsabilité personnelle est une priorité; dès la deuxième année d’apprentissage, les apprentis transmettent déjà des travaux à leurs apprentis de première année et les dirigent. C’est aussi pour cela qu’ils doivent être de bons élèves. En effet, en ce qui concerne la formation en entreprise, nous nous situons toujours un peu au-dessus du programme scolaire. Une certaine maturité personnelle est donc également importante», explique Woischnik. «En contrepartie, nous leur offrons aussi davantage. Nous avons ici un coach d’entreprise, un poste d’état-major qui dépend directement des HR Formation professionnelle. Ce coach s’occupe des demandes spécifiques des apprentis et aide également à combler les lacunes scolaires si nécessaire, afin que les formateurs professionnels sur place puissent se concentrer pleinement sur la formation pratique. Cette année, nous voulons encore augmenter le nombre d’apprentis, de sorte qu’ils seront neuf chaque année.»

Source : les citations originales des apprentis ont déjà été publiées dans le magazine "FOLIO" de la Formation professionnelle suisse (édition 6/2021).
Photos des apprentis : Jürg Hofer